À l'époque de la révolution française et du Premier Empire, c'est le comte Jean-Christophe Léaulté, seigneur et maire de Vivey, le héros de notre histoire. Originaire d'une famille de parlementaires, il fut représentant de la noblesse à l'Assemblée des Etats Généraux et a passé 19 mois en prison sous la Terreur. Aussi, c'était un personnage distingué et cultivé, et pourtant on le voyait le plus souvent par les labours et les bois mettant la main à l'ouvrage pour le foin et le seigle. Grand, fort, les épaules larges et l'esprit clair, son portrait ressemble à celui de tous les habitants de Vivey.
Il n'y a pas si longtemps, les loups étaient encore nombreux dans la région. L'un d'eux, en ce mois de décembre 1811, attaqua six habitants de Vivey qui moururent, par la suite, de leurs blessures. Depuis cette tragédie, les habitants du village vivaient dans la peur.
Or, le 21 décembre, le comte de Vivey s'en alla couper des branches. Alors qu'il faisait sa besogne, le loup surgit. Il attaqua à plusieurs reprises, déchirant de ses crocs le visage et la main gauche du comte.
Armé seulement d'une serpette, l'homme lutta désespérément et eut le courage, malgré ses blessures, de continuer à frapper l'animal jusqu'à ce qu'enfin il l'abatte. Ce sauveur mourût de ses morsures 85 jours plus tard.
En 1911, un siècle après la mort du dernier loup, les habitants décidèrent d'honorer son exploit et de manifester leur gratitude à ce bienfaiteur en faisant ériger un monument sur le lieu de l'attaque : les villageois le nomment le lieu dit de La Croix-au-Loup. Il est constitué de deux dalles formant des marches et d'un socle surmonté d'une croix, le tout mesurant trois mètres de haut. Il a été inscrit sur une plaque de bronze un texte évoquant la bravoure de l'homme, dans un style inspiré du Loup d'Alfred de Vigny, donnant une dimension quasi universelle à cet événement de la vie de ce petit village.
« À la dévotion des parents de Jean-Christophe Léaulté de Vivey, maire de cette commune.
Le 21 décembre, ce respectable Vieillard, entrant dans sa 79e année, fut assailli en ce lieu par un loup furieux qui le blessa. Son courage lui rendit son ancienne vigueur, armé seulement d'une petite serpe, il étendit à ses pieds ce terrible animal et délivra ce pays du monstre qui en aurait été longtemps la terreur. Six personnes avaient déjà péri de ses morsures quand le Vengeur en mourût lui-même 85 jours après sa Victoire.
Arrête passant, honore sa mémoire et prie Dieu pour le repos de son âme. »
LA CROIX AU LOUP DE VIVEY
Architecture & paysages
VIVEY